Le nombre de grossesses chez les femmes atteintes de mucoviscidose a considérablement augmenté ces trois dernières années, entraînant une augmentation correspondante du nombre de nourrissons en bonne santé ayant été exposés à des modulateurs du régulateur de conductance transmembranaire de la mucoviscidose (CFTRm) tels que l’elexacaftor-tezacaftor-ivacaftor (ETI) ou la trithérapie Kaftrio®/Kalydeco® (K/K), qui passent à travers le placenta. À l’heure actuelle, les données à court et moyen terme pour ces enfants sont rassurantes ; cependant, quelques cas d’anomalies hépatiques et de cataractes ont été signalés chez quelques nouveau-nés indirectement exposés à l’ETI in utero ou après la naissance. Le développement neurologique à long terme reste une préoccupation qui nécessite des recherches supplémentaires.
Un groupe de travail de la Société Française de la Mucoviscidose auquel a participé un représentant du Réseau Français des Centres Régionaux de Pharmacovigilance, a élaboré des recommandations pour le suivi de ces enfants pendant les deux premières années et au-delà. Ces recommandations, basées sur une revue exhaustive de la littérature, ont été proposées dans un article récemment publié dans les Archives de Pédiatrie [1].
Bien que les données actuelles suggèrent que ces médicaments ne sont pas tératogènes et ne semblent donc pas augmenter le risque de malformations, la recherche fondamentale et les observations cliniques mettent en évidence plusieurs éléments de vigilance.
L’allaitement maternel sera possible pour la majorité des mères, à condition que les tests de la fonction hépatique effectués pendant le séjour à la maternité ne révèlent aucune anomalie initiale et qu’un suivi à J15 de l’allaitement soit réalisé et normal. Dans le cas contraire, un allaitement mixte ou un arrêt seront proposés. Un examen ophtalmologique à la lampe à fente doit être réalisé, idéalement à partir de l’âge de 3 mois, afin de dépister toute opacité du cristallin, qui nécessiterait l’arrêt de l’allaitement maternel.
Le suivi à long terme de ces enfants en bonne santé exposés au K/K est essentiel et est actuellement en cours d’organisation. En outre, en raison de faux négatif lorsque la maman est traitée par CFTRm, une analyse du gène CFTR doit être effectuée lorsque le diagnostic de mucoviscidose n’a pas été recherché chez le fœtus par une analyse prénatale, ou quand le risque de mucoviscidose est élevé en raison du statut de porteur du père qui n’est pas clairement défini par une analyse complète du gène CFTR.
Référence :
[1] Reix P, Audousset C, Girodon E, Sermet Gaudelus I, Gautier S. Preliminary proposals for the follow-up of infants born to mothers with cystic fibrosis treated with CFTR modulators during the first two years of life. Arch Pediatr. 2025:S0929-693X(25)00096-X. doi: 10.1016/j.arcped.2025.03.005. Online ahead of print.