L’isotrétinoïne, médicament indiqué dans l’acné sévère, présente un risque tératogène majeur. En France, son utilisation est encadrée par des recommandations strictes : accord de soins, méthode de contraception efficace, test de grossesse obligatoire avant chaque délivrance, renouvellement mensuel de prescription, et initiation du traitement exclusivement par un dermatologue depuis 2015.
La pandémie de COVID‑19 a fortement perturbé l’organisation des soins, limitant l’accès aux consultations médicales classiques. Une étude récemment publiée par Havet et al. a évalué les conséquences de cette crise sur le respect du cadre réglementaire lié à l’isotrétinoïne.
Menée à partir des données du Système National des Données de Santé (SNDS), cette étude de cohorte nationale a analysé le nombre total et les premières délivrances d’isotrétinoïne, l’usage des téléconsultations et le non-respect des recommandations : test de grossesse, prescription par dermatologue, renouvellement mensuel.
Entre janvier 2019 et décembre 2022, plus de deux millions de délivrances d’isotrétinoïne ont été analysées, dont près de 18 % correspondaient à des instaurations de traitement. Par rapport à la période pré-COVID, le nombre total de délivrances a diminué (avril 2020 : −12,6 % ; mai 2020 : −9,7 %), tout comme le nombre de premières délivrances (mars 2020 : −18,3 % ; avril 2020 : −37,6 %). Néanmoins, le nombre total et le nombre de premières délivrances ont augmenté au cours des mois suivants, avec un pic à 41% en juin 2021.
Le taux de téléconsultation, quasi nul en période pré-COVID, a augmenté de 21,8 % en avril 2020.
Pendant la période pré-COVID, 10,7 % des traitements n’étaient pas initiés par des spécialistes en dermatologie. Ce pourcentage a eu tendance à augmenter pendant toute la période COVID, par rapport à la période pré-COVID (moyenne : 2,2 % ; plage de −0,5 % à 5,5 %), principalement en 2022.
Le non-respect du test de grossesse était de 29,9 % durant la période pré-COVID et a augmenté principalement pendant le premier confinement (4,1 % en mars 2020, 9,5 % en avril 2020 et 3,8 % en mai 2020), comparativement à la période pré-COVID. Ensuite, il a eu tendance à diminuer entre octobre 2020 et décembre 2022 (moyenne : −1,7 % ; plage de −0,06 % à −4,2 %).
Les auteurs concluent que l’effet de la pandémie de COVID 19 sur l’utilisation de l’isotrétinoïne a été principalement observé pendant le premier confinement. Cette étude met également en évidence un non-respect persistant des recommandations et la nécessité d’évaluer l’impact des nouvelles actions de communication mises en place en France.
Référence :
Havet A, Moskal A, Payet C, Massardier J, Lebrun-Vignes B, Jonville-Béra AP, Chanelière M, Viprey M. Prescribing and Dispensing of Oral Isotretinoin and Noncompliance with Recommendations in France before and during the COVID-19 Pandemic. Dermatol Ther (Heidelb). 2025 Apr 18. doi: 10.1007/s13555-025-01409-y. Online ahead of print.