Ce mois-ci, les CRPV d’Angers et de Nantes proposent, dans leur bulletin, un focus sur la classe médicamenteuse des anti-CGRP.
Le CGRP est un neuropeptide aux propriétés endocriniennes, présent dans les neurones sensoriels et diverses cellules non neuronales, telle que celles de la thyroïde, des poumons et de l’intestin grêle. Il est synthétisé par les adipocytes, les kératinocytes et les globules blancs, notamment en réponse à des situations de stress ou d’inflammation. Sa demi-vie dans le plasma est d’environ 7 minutes. Les récepteurs du CGRP sont localisées dans plusieurs régions, cerveau, moelle épinière, cœur, muscles squelettiques ou encore poumons.
Le CGRP joue un rôle protecteur et compensatoire lors d’inflammations comme dans le sepsis, l’ischémie aiguë ou la grossesse. Il est particulièrement impliqué dans les crises migraineuses où il est libéré lors de l’activation du système trigémino-vasculaire, modulant ainsi la douleur est provoquant une vasodilatation. Sa concentration diminue lorsque des céphalées cessent.
Sur le plan physiologique, le CGRP exerce plusieurs fonctions : (i) il agit comme un puissant vasodilatateur au niveau cérébral, coronaire, rénale et est impliqué dans l’angiogénèse et la modulation de l’inflammation, (ii) il favorise la vasodilatation des artères pulmonaires et protège contre le remodelage tissulaire induit par l’hypoxie (iii) il stimule le péristaltisme et la sécrétion d’ions et d’eau dans le système gastrointestinal.
Les médicaments anti-CGRP se divisent en 2 classes : Les anticorps monoclonaux dirigés contre le ligand CGRP (éptinezumab, frémanezumab, galcanézumab) et les antagonistes des récepteurs CGRP, appelés « gépants » (erénumab, atogépant, rimégépant). Ces traitements réservés aux migraines réfractaires, montrent un taux de réponse clinique de 40 à 60% selon la dose, comparé à 30 à 35% pour le placebo.
Les interactions médicamenteuses avec les inhibiteurs et inducteurs du CYP3A4, de la P-gp et du BCRP peuvent affecter leurs concentrations plasmatiques. Bien qu’aucune contre-indication formelle ne soit mentionnée dans les Résumés des Caractéristiques du Produit (RCP), des précautions sont nécessaires en cas de co-administration avec d’autres vasoconstricteurs (ex, triptans, AINS).
Les effets indésirables (EI) les plus fréquemment rapportés incluent des réactions d’hypersensibilité et des réactions au site d’injection. Le suivi national de pharmacovigilance a identifié plusieurs signaux de sécurité, certains figurant déjà dans les RCP (constipation, alopécie) tandis que d’autres, tels que l’HTA, l’acrosyndrome, et les troubles du sommeil, sont encore non répertoriés. D’autres EI, notamment des troubles cardiovasculaires (hors HTA), et des troubles neuropsychiatriques (anxiété/dépression) sont également sous surveillance, sachant que les patients souffrant de ces pathologies étaient exclus des essais cliniques. Ont également été rapportés des cas d’erreurs médicamenteuses/mésusage notamment des problèmes de libération de doses avec le stylo de EMGALITY (galcanézumab). Enfin, par manque de données, l’administration des anti-CGRP est déconseillée pendant la grossesse et l’allaitement.
Référence :
Pharmacologie des anti-CGRP (Calcitonine Gene-Related Peptide) utilisés dans la migraine. Viginews 2025 ; 21 : 3-4.